Sourcing Local vs. Importation : Etude de cas dans l’Industrie Agroalimentaire

Dans un contexte où la lutte contre le changement climatique est devenue une priorité mondiale, de nombreuses entreprises s’engagent activement dans des initiatives visant à réduire leur empreinte carbone. Cependant, au cœur de ces efforts, les départements achats se trouvent souvent confrontés à des défis complexes.

Bien que chargés de trouver des solutions durables, les acheteurs peuvent parfois souffrir d’un manque de formation ou de compréhension pour naviguer efficacement dans ce nouveau paysage. C’est dans ce contexte que l’expertise d’un Consultant achats spécialisé en carbone peut apporter une véritable valeur ajoutée.

Dans cette étude de cas, nous examinerons de près le dilemme entre le sourcing local et l’importation dans l’industrie agroalimentaire, mettant en lumière les défis et les opportunités rencontrés par les acheteurs dans leur quête de durabilité.

Un sourcing local pour réduire les émissions ? Un biais à éviter

Prenons le cas d’une entreprise agroalimentaire basée à Rennes qui fabrique tout au long de l’année un produit à base de tomates fraîches.

Le premier sujet que souhaite aborder la direction achats est la réduction de l’empreinte carbone de ses achats de tomate, représentant de gros volumes pour le groupe, par un sourcing local. Ils les importent actuellement du sud du Maroc (région de Souss-Massa), troisième exportateur mondial en 2022.

Le service achats a trouvé un sourcing local en Bretagne, auprès d’un producteur bien français, pour quelques euros plus cher. Plus cher oui mais l’entreprise est prête à investir ce surcoût pour réduire ses émissions de GES. Effectivement, un sourcing local permettra de réduire considérablement les émissions liées au transport par exemple.

Mais patatras ! Lors de l’actualisation de son Bilan Carbone, le résultat mesuré par le consultant carbone est pire qu’avant ! impossible ? Et pourtant ce résultat intègre bien toutes les phases de vie du produit (ACV carbone).

Les efforts déployés par l’équipe achats pour réduire ses émissions par un sourcing local ont été vains…

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Le transport, principale cause des émissions d’un produit ?

En Bretagne, 95% de la production de tomate est cultivée sous serre chauffée. On parle ici principalement des tomates de contre saison, également produites dans le Sud-Est et le Nord-Ouest de la France, où l’on retrouve des serres en verre ou en plastique chauffées et hors-sol.

Bien que la tomate d’origine marocaine soit produite à plus de 2 000 Km de Rennes, le climat y est bien différent, permettant l’utilisation d’un système de culture (serres plastiques non chauffées en sol) moins émissif.

C’est d’ailleurs le rôle joué par la phase agricole qui est le plus déterminant dans cette comparaison des émissions de gaz à effet de serre entre les deux origines (et non le transport).

En effet, comme précisé dans le rapport du FLONUDEP, « pour le système français, la phase agricole a un impact prépondérant sur toutes les catégories d’impact, que ce soit à cause du chauffage au gaz ou des impacts liés à la production et l’utilisation des engrais » (FLONUDEP, 2014).

L’impact de la tomate cultivée en France sous serre chauffée aura ici un impact sur le changement climatique 60% plus important que celle importée du Maroc.

Un résultat en totale contradiction avec la volonté de réduction des émissions de GES du service achat en adoptant ce sourcing local.

Quid de la ressource en eau dans un pays plus sec ?

C’est bien connu, le sud du Maroc ne connait pas les mêmes précipitations que nos amis bretons. Il est certain que la consommation en eau douce d’irrigation de la tomate marocaine sera bien supérieure à la tomate française, aggravant le pression sur cette ressource déjà rare par endroit.

L’étude du FLONUDEP chiffre cette surconsommation d’eau à hauteur de 70% de plus au Maroc qu’en France.

Néanmoins, en termes d’eutrophisation marine et d’eau douce, la production marocaine est présentée par cette même étude comme plus vertueuse : « Même en tenant compte de l’emballage et du transport, les impacts sont réduits respectivement de 75 % et 15 % » (FLONUDEP, 2014).

La tomate marocaine, plus durable que la tomate française ?

Non, ce n’est pas mon propos et il serait bien trop réducteur de présenter un tableau noir ou blanc.

La durabilité d’un achat doit intégrer les différents piliers de la RSE :

  • Les enjeux environnementaux (réchauffement climatique, ressource en eau, recyclage, etc)
  • Les enjeux économiques (tarification équitable, développement d’un sourcing local, transparence, qualité de service, etc)
  • Les enjeux sociaux (inclusion, égalité homme-femme, QVCT, etc)

Lors du choix d’un produit ou d’un fournisseur, il est important d’évaluer les différentes variables de la RSE que l’on souhaite « attaquer ». Dans l’idéal elles devront toutes être considérées pour tendre vers l’achat le plus durable possible.

Néanmoins, comme nous venons de le voir, choisir une option maximisant l’une des variables peut impacter d’autres versants de la durabilité.

Dans notre cas, le service achats aurait pu mener une étude approfondie de l’offre de tomate française avant de sauter sur l’offre de son fournisseur breton qui semblait être avant analyse une bonne option de sourcing local et meilleure pour le climat.

Les achats durables ne sont pas toujours intuitifs ! Un autre sourcing local, respectant mieux les principes de la RSE aurait pu être trouvé en France et ainsi cocher plusieurs cases !

Adapter ses analyses en fonction des objectifs de l’entreprise

Ainsi, il est de la responsabilité de l’acheteur et de son management de déterminer quelles sont les priorités à adresser et, en fonction, de construire une grille d’analyse évaluant les différents pans de la RSE pour chaque produit/service/fournisseur.

L’acheteur devra construire son analyse en pondérant les différentes variables de la RSE pour obtenir une notation globale. Cette grille d’analyse permettra de rendre comparable les différentes offres reçues et ainsi de choisir l’option la plus alignée avec les objectifs de l’entreprise.

La direction des achats devra donc adapter ses achats en fonction de la stratégie d’entreprise décidée par la direction générale, ou à défaut se fixer ses propres objectifs.

Pour ne pas se tromper dans ses décisions de sourcing local, mettre en place une grille d’analyse adaptée à vos enjeux ou encore mesurer l’impact des offres sur les différents critères de la RSE, nos consultants en achats durables peuvent vous aider !

L’accompagnement d’un consultant associant la double expertise procurement et RSE vous fera gagner du temps et réduira considérablement les biais de compréhension sur un sujet aussi complexe. Prenez rendez-vous avec l’un de nos experts pour parler de votre besoin.

 

Sources :

Durabilité environnementale, qualité nutritionnelle, impacts socio-économiques dans les filières fruits et légumes : la tomate sous la loupe, FLONUDEP, 2014

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