Vous consommez sûrement du chocolat, à Noël, à Pâques ou entre deux réunions Teams. Il est toujours bon, souvent équitable et parfois bio. Mais que savez-vous du cacao bio et équitable qui constitue nos tablettes de chocolat ? Comment son prix est-il construit ? Que signifie « DRD » ?
Autant de questions auxquelles nous allons répondre dans cet article.
Suite à notre article précédent, Marché du chocolat, filière du cacao, nous nous intéressons à présent aux particularités du cacao issu à la fois d’agriculture biologique et du commerce équitable. Nous verrons la différence entre ces certifications et comment se construit le prix de ce produit. Marché du chocolat : le cacao bio et équitable.
Moins de 4% du cacao mondial est certifié « agriculture biologique »
Néanmoins, bien que la production mondiale de cacao avoisine les 5 000 000 tonnes chaque année, le cacao issu d’agriculture biologique ne représentait que 157 275 tonnes en 2016 (+42% depuis 2013).
Cette production est assurée par 2,7% des surfaces mondiales de cacaoyers cultivés selon l’Agence Bio (+0,2% entre 2013 et 2018).
L’Amérique Latine, détronnée de son rang de premier producteur de cacao bio ?
Jusqu’à très récemment, la principale zone de production était l’Amérique latine et représentait 83% des surfaces de cacaoyers bio cultivés.
La République dominicaine et le Pérou, en tête, représentaient à eux seuls plus de 65% de la production mondiale du cours de cacao bio en 2013.
Mais l’Afrique, première zone de production de cacao au monde avec 77% du volume mondial (ICCO, 2019), a décidé de prendre part à la dynamique marché du bio.
Le continent africain a continué sa conversion en bio et a dépassé en 2018 la barre des 53% des surfaces de cacaoyers bio cultivés au monde, contre 46% pour l’Amérique latine. L’Afrique devient ainsi la première zone de production de cacao bio.
Cacao bio, une percée africaine encore loin d’avoir atteint son apogée !
Alors que l’Amérique latine avait 8,7% de ses cultures de cacaoyer en bio en 2018, seules 2,1% des surfaces africaines de cacaoyers étaient certifiées.
Ce potentiel est notamment conditionné par la volonté de la Côte d’Ivoire, premier producteur (tout cacao confondu) avec 47% du volume mondial en 2019, à accélérer sa conversion.
Sur ce plan, le leader du cacao mondial est à la traine : seule 0,03% de sa production était certifiée agriculture biologique en 2018.
Les planteurs, parents pauvres du marché mondial du cacao et du chocolat ?
Le principe du commerce équitable est apparu dans les années 1960. Il est avant tout destiné à la protection des producteurs de l’hémisphère sud dans le cadre des relations commerciales nord/sud. Le commerce équitable est un des leviers qu’utilisent les consultants indépendants en achats pour accélerer la mise en oeuvre de politiques d’achat durable chez leurs clients.
En 2015, l’ICCO indiquait dans son rapport annuel que la cacaoculture n’était pas considérée comme une activité attractive pour de nombreux jeunes agriculteurs. Localement, les paysans ne toucheraient que 2% des revenus générés par ce marché et la moitié des planteurs ivoiriens vivraient sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
Ce constat, la société Ethiquable le partage en estimant que près de 90% des 40 millions d’agriculteurs qui vivent de la commercialisation de cacao se rémunéreraient aux alentours des 4,50€ par jour.
Le cacao, un marché oligopsonique ?
Cela s’explique notamment par l’atomisation de la production dont on estime que 95% provient de petites plantations familiales de moins de 10 ha (Michel BAREL, 2016).
Face à eux ne se trouvent que peu d’acheteurs, une dizaine d’entreprises multinationales, ayant la main mise sur une écrasante majorité (90%) de la transformation et de la distribution.
Le commerce équitable du chocolat, gage de pérennité pour les entreprises de la filière.
En apportant une meilleure rémunération aux exploitants, le commerce équitable vient contrebalancer ce déséquilibre. Il encourage ce type de culture pour supporter la croissance de la demande et éviter une crise structurelle sur la disponibilité du cacao.
Initialement, le commerce équitable du cacao était une démarche volontaire de l’acheteur, pour des raisons d’éthique ou de marketing. Mais la Côte d’Ivoire et le Ghana, principaux producteurs mondiaux, ont décidé en 2019 d’inverser la tendance en imposant aux acheteurs l’ajout d’une prime au cours du marché du cacao.
Cette prime, appelée « Différentiel de Revenu Décent » (DRD), s’élève à 400 dollars la tonne. Elle est officiellement en place depuis octobre 2020 et doit permettre une meilleure rémunération des 3 millions de planteurs ouest-africains.
Cependant, les acheteurs n’ont pas vu d’un bon œil cette démarche. Au-delà des conséquences économiques d’une telle prime, c’est son efficacité qui semble soulever le plus de réserves alors que le doute persiste quant à son arrivée réelle dans la poche du planteur.
En 2021, alors que la plupart des multinationales ont leur propre programme de cacao durable et éthique, elles ont finalement accepté officiellement de financer cette prime DRD. Mais en avaient-elles le choix ?
Oui, à la condition de faire une croix sur le cacao de ses deux pays, représentant plus des deux tiers de la production mondiale. Une décision qui apparait donc plus pragmatique.
Et le cacao bio et équitable dans tout ça ?
Alors qu’un chocolat équitable sur deux était bio en 2008, cette double labellisation ne représentait plus qu’un chocolat équitable sur cinq en 2016, selon l’Agence Bio.
La raison de la perte de vitesse de cette double labellisation ? La croissance plus forte de la production de cacao équitable en comparaison de celle du bio.
En effet, alors que la production de cacao bio a été multipliée par 8,5 entre 2008 et 2016 pour atteindre 157 KT, celle du cacao équitable a été multipliée sur la même période par plus de 30 !
Pour autant, en intégrant le commerce équitable, les producteurs sont encouragés à la conversion à la production biologique.
Aujourd’hui, le marché mondial de chocolat associant biologique et équitable s’élèverait à près de 95 000 T (+50% depuis 2013).
Nonobstant un marché encore très anecdotique comparé à son ainé dit « conventionnel », le segment du chocolat biologique et équitable a connu une forte croissance de la demande mondiale depuis les années 2000 et ne devrait pas s’arrêter sur une si belle lancée.
Quelle difference économique pour l’acheteur ?
Le cacao est un marché mondialisé suivant un fonctionnement typique des marchés de matières premières.
Néanmoins, quelques particularités le définissent, comme l’ajout d’une « prime à la qualité » ou d’une « prime à l’exportation« , toutes deux dépendantes du pays producteur et des caractéristiques du produit.
Le cacao, sur la base d’un marché boursier « classique ».
Sur le marché boursier, les transactions de fèves de cacao se présentent sous forme de contrat à terme sur le London International Financial Futures and Options Exchanges (LIFFE), mais aussi sur d’autres plateformes comme l’Intercontinental Exchange (ICE).
Des facteurs comme le cours des devises Dollar et Livre Sterling, les conditions météorologiques des pays producteurs, le volume de la production et les facteurs géopolitiques sont parmi les indicateurs qu’il faut bien maîtriser pour comprendre le cours du cacao en bourse.
Cours de bourse ou prix plancher, le cacao équitable est toujours en faveur du producteur.
Le premier principe de construction du prix repose sur un seuil en dessous duquel le cacao équitable ne descendra pas : on parle de prix minimum garanti.
Pour un cacao certifié équitable par le label Fairtrade/Max Havelaar, ce prix minimum d’achat sera de 2000 dollars la tonne de cacao certifié. Néanmoins, si le prix du marché est supérieur à cette valeur, alors c’est ce cours de bourse qui sera suivi.
Pour les fèves de cacao équitable qui sont aussi certifiées agriculture biologique, ce prix minimum sera de 2 300 dollars la tonne.
À cela, l’acheteur doit ajouter une prime de développement, fixées à 200 dollars la tonne. Celle-ci est destinée aux investissements communautaires (construction d’écoles, bien-être, etc), productifs (équipement, formation, etc) et environnementaux.
Quel que soit le niveau des prix du marché, cette prime de développement est toujours payée en plus.
Sécuriser ses achats de cacao bio et équitable sur les marchés à terme ?
Comme nous l’avons vu, le marché du cacao est très dynamique et demande un suivi régulier. Ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui et le sera encore moins demain.
Dans un prochain article, nous approcherons le sujet des « Futures ». Les marchés à terme sont un bon moyen de sécuriser le risque financier par l’acheteur et le cacao ne fait pas exception.
Maintenant que le cacao bio et équitable n’a plus de secret pour vous, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne dégustation et n’oubliez pas de suivre notre page linkedin pour être informé de nos nouveaux articles !
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